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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 15:45

Ces quelques lignes pour vous faire part du décès inopiné du philosophe par le feu surnommé Filostène, ce mardi 7 avril 2009 au matin.

Il était né en 1923 à Sedan, habita la majeure partie de sa vie en Belgique (province de Namur près de Gedinne) et avait quitté l'Europe pour tenter par voie humide le troisième oeuvre selon les écrits de Philalèthe et d'autres auteurs du début XVIIè siècle.

Après avoir dicté les articles ci-dessus et relatifs à la statue de Saint-Marcel, il devait ce printemps faire publier diverses notes et éclaircissements sur la voie humide et sur un philosophe du nom de Gariffandus.

Paix à ses cendres et priez pour lui.

Son ami en Alchimie.

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4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 14:04

En ce jour des Rameaux, le lecteur, un peu ébouriffé par le tournoiement des statues tri-une de Saint-Marcel, nous suivra de l'autre côté de la fameuse "frontière".

En marge de l'histoire et de la science (officielles), cette fois, allons un pas plus loin  dans les rapprochements de nature alchimique et donc un peu cabbalistique (mettez le K si vous êtes hébraïsant, et si ce n'est pas le K fait place au C).

Cassé comme il le fut, Saint-Marcel a bien abrité deux énigmes que vous retrouvez (en Alchimie) par l'allusion suivante : la légende dorée de la femme adultèrée, capturée et engrossée du serpent ou dragon, et sa libération par la geste de l'évêque dont le sacerdoce fait de sa crosse un glaive nouveau.

Pour la première partie de la geste (action mythique) écoutons un instant le grand codificateur en personne :

"Alta venenoso fodiatur tumba Draconi,

Cui mulier nexu sit bene vincta suo ;

Ille maritalis dum carpit gaudia lecti,

Haec moritur, cum qua sit Draco tectus humo.

Illius hinc corpus morti datur, atque cruore

Tingitur : Haec operis semita vera tui est."

 

 

Vous reconnaissez évidemment le célèbre épigramme de Michaël MAIER dans lequel on peut retrouver une similitude de propos et de mise en situation de l'emblème situé au pied de Saint-Marcel.

La traduction du latin au français permet de juxtaposer une série de termes cabalistiquement proches mais nous orientant vers des pratiques légèrement différentes.

" Profonde, du dragon vénéneux creuse la tombe,
  A qui la femme par sa forte étreinte est liée,
  Alors que Celui là (le dragon) du lit funèbre cueille la joie,
  Celle-là est morte, ensuite le dragon les recouvre de terre
  Le corps de ce dernier est livré à la mort, et par son sang 
  s'écoulant,
  Son corps est teint, voici la vraie voie de l'oeuvre."


"Alta"  ouvrant l'épigramme fait appel à deux traductions parallèles possibles. Comme il est mis en évidence, donnons lui un sens littéraire ou littéral : profonde 'de la tombe' ou bien élévé, en élévation, en redressement, qui serait le sens caché, parce qu'en contradiction avec le sens évident du creusement de la tombe.
En alchimie, ce type d'inversion du sens fait appel constamment à la vigilance. Ce qui est en bas ici se redresse pour appeler le haut. Dans l'humus martial se
 trouvera le sel sublimatoire indispensable au second et troisième oeuvre. 

Pour ne pas allonger à l'excès l'exégèse des termes latins employés, vous aurez remarqué la proximité du thème de l'épigramme du Comte du Consistoire Impérial avec le socle de notre statue sacrifiée, et justement, le fameux procédé d'extraction du sel mercuriel (voir Fulcanelli le Mystère des Cathédrales p. 146 de la 3è édition) hors du "résidu" comme le dit le grand Adepte en reprenant à son prédécesseur Nicolas Flamel le terme exact :"dragon babylonien".
D'autres termes pourraient mériter une longue analyse, notamment le "atque cruore" en avant-dernier vers, qui nous fait songer aux menstrues naturelles, racines et mères de diverses productions pouvant servir à l'Art d'Hermès. Il n'y a pas de hasard dans le choix des couleurs : le sang, les menstrues féminines, partagent des secrets de régénérescence et de dépouillement dont la finalité est le fameux homme rouge (de colère ou bien "dies irae" de cendres).
Tiens, puisque nous parlions de Michaël MAIER, célèbre alchimiste s'il en est, pourquoi lui avons-nous donné l'adjectif de "codificateur" ?
Parce qu'avec ses oeuvres, le symbolisme des mythes antiques se traduit et se décline dans la pratique alchimique avec une conscience aigue du choix des protagonistes, les abstractions prennent la forme d'une dramaturgie qui sont autant de voiles nouveaux aux matériaux évoqués, dont la vie minérale subit des métamorphoses qui ne sont possibles qu'avec une préparation appelée "canonique" (qui portent la mémoire de leur affinité céleste et de leur souche ou origine radicale).

Sur ce point, faut-il conclure à un chemin unique dans la voie sèche ? Ou bien faut-il voir par la multiplication des symboles la Nature nous révéler les multiples opérations préparatoires à la voie humide, aux préparations des spagyristes destinées à aider l'humanité en souffrance, ou à la voie brève, si difficile qui exige des aspirants aux nerfs d'acier, puisque les manipulations pratiques en sont risquées et réclame un sang-froid encore plus intense qu'en voie sèche.

Michaël MAIER a par ses études, ses contacts et ses voyages recueilli tous les éléments qui pouvaient fonder une nouvelle interpétation des symboles de la mythologie et nombre d'ouvrages tels que le VIRIDARIUM CHYMICUM, les ouvrages de CROLLIUS, MYLIUS, ou STOLCIUS portent tous cette nouvelle codification des symboles, que les protestants germains ou anglo-saxons ont rendu incontournable sur le chemin des études alchimiques et cabalistiques.

Pour en revenir à notre fameux Saint-Marcel, nous devons évoquer maintenant le deuxième acte de la  geste qui voit tout d'abord la mort des deux protagonistes et la victoire sur le dragon babylonien.
Notre simple évêque, Marcel prit sa crosse et secondé par l'aide divine terrasse ou met en fuite le dragon par le bâton pastoral métamorphosé en glaive.
Sur cette nouvelle version, l'attention est toute dans l'outil du miracle. 
Puisque notre seconde version de Saint-Marcel présentait une crosse amputée de sa partie spiralée, le bâton pastoral redevient comparable aux massues, gourdins et autres battes dont l'homme de tout temps s'est servi pour neutraliser les animaux périlleux.

Nous avons pris le terme de "glaive" (gladius) pour rapprocher la mission libératoire de Saint-Marcel du métier de gladiateur romain, et rappelons que Saint-Marcel est du cinquième siècle, période encore toute romaine, attaché à la glèbe de Lutétia (glèbe arénique et l'on pense alors à Virgile en ses Géorgiques I, 114 " bibula arena" les sables buvants, prémices d'absorption mercurielle au second oeuvre )....

On retrouvera ce glaive sur l'emblème XX du même guide Michaël MAIER (reproduit dans les "Trois Anciens Traités d'Alchimie d'Eugène Canseliet avec son excellente traduction en page XI et planche III auxquelles nous vous renvoyons) et aussi les bâtons plus primitifs intimidant le dragon sur l'emblème  XXV que nous reproduisons ici aussi.                                                                  
                                                                                                                                                                                                                                                           

"Mettre en terre le dragon n'est pas oeuvre aisée
"Bientôt il revit et rampe sur le sol.
"Le frère et sa soeur joints, ensemble dans sa bouche
"enfoncent leur bâton, pas d'autre chose pour lui donner la mort.
"Phoebus son frère, et Cynthia sa soeur, Python
"par elle,et Orion d'autre part, s'écroulèrent de leur
 main.



Le lecteur aura constaté que nous nous écartons de la traduction offerte par Etienne Perrot ( à la Librairie de Médicis éditions en 1969, réimprimé en 1970 et réédité par Dervy en 1997) pour respecter les termes latins utilisés par Michaël MAIER, nombre d'entr'eux permettant plusieurs orientations de lecture, nous laissons donc la liberté aux amateurs de textes codifiés de faire ces petites recherches révélatrices....
Nous avons pour notre part, utilisé l'excellent reprint de 1964 du texte latin et
allemand  édité en fac-similé par Bärenreiter-Verlag à Kassel (Deutschland). Le choix du bâton ou gourdin est moins chevaleresque mais parfois plus efficace. Le geste martial souligné par MAIER correspond parfaitement au geste de Saint Marcel.
 

Nous avons renvoyé au traité d'Eugène CANSELIET pour l'autre gravure montrant un combattant armé et luttant pour sa belle face au péril du feu.

Ces trois emblèmes recouvraient le champ symbolique offert par la belle statue de Saint-Marcel, trois en une. Les emblèmes XX, XXV  et L  ( 20, 25, 50) ne vous rappelent-ils pas des proportions "ignées" à respecter pour le régime des feux ? Ces proportions permettent l'application des sels en cette fin de premier oeuvre. Et le geste de Saint-Marcel prépare l'obtention du sel mercuriel nécessaire à la coquille de l'oeuf en l'oeuvre final.

 

Trois cents (cinq) mars sels que diable ! Quels feux pour le signe du Bélier (Orion terrassé par le feu n'est-il pas issu de trois géniteurs : Apollon, Vulcain et Mercure ? Voyez aussi Atalanta Fugiens emblème XLIX et le discours subséquent)......

 

Voici que commence la semaine sainte.

 

Nous accomplissons tous cette semaine un rite et le mystère pascal est de loin le plus alchimique des cycles chrétiens (voir Jean FABRE, Séverin BATFROI et Louis CATTIAUX entre autres)....

 

Merci de votre patiente lecture ! Priez pour tous ceux qui souffrent ...... 




   

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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 09:34

Dans ce nouvel article nous publions une lettre inédite, écrite par Georges BELLAIS à Philippe ENCAUSSE et datée du dimanche 16 septembre 1928.

Nous reviendrons en fin d'article sur ces deux personnalités dont la seconde est certainement bien connue du lecteur, puisqu'il s'agit du fils du célèbre PAPUS, qui occupa la place centrale de l'ésotérisme français de 1888 à son décès en 1916.

Voyons maintenant le contenu de cette lettre qui concerne le Mystère des Cathédrales et plus spécialement la statue de Saint-Marcel.

Nous vous faisons lire le texte puis nous publions les scans de cette correspondance.

"  Cher  Ami

"Voulez-vous transmettre ceci à Monsieur Paul Le Cour ="

"Dans son livre sur les mystères des cathédrales que vous m'avez obligeamment prêté, Fulcanelli reproduit une statue de Saint Marcel d'après l'exemplaire ancien placé dans le Frigidarium des Thermes de Julien."

"Il signale que cette statue authentique diffère de la restauration faite en 1859 sous la direction de Viollet le Duc et encore en place à la porte Ste Anne."
"Il remarque que Cambriel, dans son ouvrage où il donne une vue de cette statue avant restauration, et auquel il a le premier donné le sens alchimique, a reproduit sans aucune exactitude le sujet."
"Fulcanelli commet une (barré : magnifique) erreur, Cambriel a donné une reproduction exacte de la statue ancienne encore en place sans restauration à l'époque où il vivait."
"Il a été publié récemment une photographie de cette vieille statue dans l'ouvrage Notre-Dame de Paris, in folio, par Aubert, Morancé éditeur, que l'on peut consulter à la nationale, mais dans l'hémicycle de la salle de travail (même pas dans la réserve), côte Fol. Lj 9.7300."
"La statue de Saint Marcel qui est à Cluny est bien du XIII ou XIVè siècle mais elle a été restaurée et modifiée, puis copiée par

( verso en guise de deuxième page)

" ...l'atelier travaillant sous la direction de Viollet le Duc, copiée exactement mais sur original restauré et c'est vraiment extraordinaire de voir comment on restaurait alors."

"staue ancienne                                                          statue de cluny ou

avant restauration                                                       du porche ste Anne restaurée 

"Tête barbue                                                                  """"""""""""  glabre

" Crosse courte                                                              """"""""""""  longue

" Tête du dragon mordant la crosse                           """"""""""" sous le pied droit du saint

"Cou du dragon court                                                    """""""""""""  long

" La main du saint est levée                                         """"""""""""" est près de la figure

pour bénir, les 2 doigts loin de la bouche               les 2 doigts sont près de la bouche

" Il est évident que l'interprétation de Cambriel en particulier quand il signale que le saint ordonne silence ou le secret est dans le vrai alors que Fulcanelli qui le raille sur ce point est dans le faux ; également il erre qaund il demande comment Cambriel a pu dessiner une crosse ridiculement courte et mettre la tête de dragon sous le pied du Saint."

" Enfin je demanderai si les sculptures hermétiques des cathédrales que l'on essaie de lire sous 2 interprétations, l'une sacrée, l'autre profane ne sont pas à 3
(barré : lecture)
significations comme les hieroglyphes (barré : ceux ci sont comme chacun sait à 3 lectures) vulgaire - sacrée - hermétique.

" Voici les 3 lectures de la statue de St Marcel...."  

( 3ème page : recto )

 

"  1°  sacrée  ou  vulgaire      (de haut en bas)

" Saint Marcel premier évêque de Paris délivre les habitants des bords de la Bièvre des maléfices d'un dragon.
" Ce dragon gîsait dans le cercueil d'une femme noble qu'il fit adultère et sortait chaque nuit. St Marcel l'exorcisa et le chassa, le dragon s'enfuit dans le marais où il disparut."

" 2°  alchimique  (de bas en haut)

" Le cadavre livré aux flammes de l'athanor exhale de son cerveau le principe de vie sous la forme du dragon babylonien porteur de la pierre des philosophes, le maître de l'oeuvre crosse d'or  en mains fait le geste du silence.

3°  hermétique  ( de haut en bas et de bas en haut)

" L' Initié reçoit par l' emblème femelle qui coiffe sa tête la semence mâle ...... elle s'écoule par son pied dans le dragon, fils du soleil elle est transmise au cadavre en flammes et déjà soulevé par le souffle de vie."

" Le cadavre renaît de sa cendre et le souffle de vie revient au maître du monde par la même voie que précédemment."

"Je m'excuse d'un long silence, j'irai vous revoir bientôt.

" Amitiés, respects à votre frère et a votre soeur  
(signature : GBELLAIS)

 

" Dim 16/ 9 / 28".

 

Nous laissons pour le moment les interprétations de l'auteur sur les trois lectures possibles de la statue de Saint Marcel.

Ce courrier nous interpelle à plus d'un titre.

Tout d'abord, il est adressé à Philippe ENCAUSSE (1906-1984), fils de PAPUS, suit à un prêt de l'ouvrage premier de FULCANELLI à l'auteur de la lettre, Georges BELLAIS.

Le livre a été recommandé à l'attention des lecteurs par Paul LE COUR (1871-1954) dans la revue Aesculape en janvier 1927, comme l'a indiqué ARCHER dans son article du dimanche 7 octobre 2007.

C'est donc vers Paul LE COUR que Georges BELLAIS veut adresser ses remarques qui portent sur l'existence de la version vue par CAMBRIEL dans la première moitié du XIXè siècle et dont, heureusement pour nous, il donne les références précises.

Paul LE COUR a- t'il fait état de ces remarques, d'ordre historique, aux lecteurs d'ATLANTIS, la revue d'études bien connue, dont les débuts remontent à octobre 1927 ?

D'autres lecteurs auraient ils vu figurer ces remarques lord d'un numéro quelconque d'ATLANTIS ou lors d'une conférence restée en mémoire ? Avis de recherche parmi les lecteurs....

Ce que nous pouvons affirmer c'est qu'en septembre 1928, Philippe ENCAUSSE, pourtant au fait des courants ésotériques et d'initiation, ne connaît pas Eugène CANSELIET seul représentant la filiation légitime de FULCANELLI.

Eugène CANSELIET, possède tous les manuscrits originaux ayant servi à établir le texte définitif du Mystère des Cathédrales ; il dispose déjà aussi (voir le Feu du Soleil e.a.) des notes qui serviront à établir le texte des Demeures Philosophales (à publier en 1930).

Au lieu de tenter de contacter Eugène CANSELIET, totalement inconnu des filiations martinistes ou maçonniques, Philippe ENCAUSSE fait connaître à GRILLOT DE GIVRY, le cliché publié par Marcel AUBERT, lequel reproduit le cliché à l'albumine des frères BISSON.

GRILLOT DE GIVRY, qui, rappelons-le, fut collaborateur de PAPUS, comme traducteur de l'Amphithéâtre de l'éternelle sapience de Heinrich KHUNRATH, glisse le cliché en guise de démenti discret à l'ouvrage de FUCANELLI, quant à son jugement sur CAMBRIEL, dans son chapitre consacré aux alchimistes en page 407 de son ouvrage "Les Sorciers, Mages et Alchimistes" qui paraîtra en février 1929.

Nous ignorons si cette photo fut jointe au dernier moment lors de la mise en page de cet ouvrage, ou bien s'il fut sélectionné par GRILLOT DE GIVRY lui-même, suite à une communication provenant du milieu proche d'ENCAUSSE ou de LE COUR lui-même.

Pour mettre les idées au clair, Eugène CANSELIET fit la connaissance de Paul LE COUR en 1934, lorsqu'il commençat sa collaboration d'écrivain à la revue ATLANTIS, et ne rencontra Philippe ENCAUSSE qu'au cours de l'année 1957 !
 
 

L'article de Paul LE COUR  en janvier 1927, fait bien comprendre au lecteur que les thèmes traités dans le Mystère des cathédrales recoupent l'érudition propre à Pierre DUJOLS, le célèbre libraire et descendant des Valois, dont le manuscrit sur la Chevalerie (Valois contre Bourbons) fut publié à la fin du XXè siècle.

 

Voici tout d'abord les scans des pages retranscrites ci-dessus. 

   

 



 

Nous avons affirmé qu'Eugène CANSELIET ne connut Philippe ENCAUSSE qu'au cours de l'année 1957. En effet, dans un échange de courrier entre eux à l'époque de la seconde édition du Mystère des Cathédrales, CANSELIET écrit à ENCAUSSE :

"  Savignies, ce dimanche

" Cher Monsieur,

" Peut-être avez-vous gardé mon souvenir, avec celui du petit dîner chez mes cousins Monsieur et Madame RABOUIN, où je fis votre connaissance, voici déjà bien longtemps."

" J'ai vu hier, à la Bibliothèque nationale, le n°2 (1957) de votre Initiation  consacré en majeure partie à l'alchimie, et qui, pour cette raison, m'a beaucoup intéressé. Serge Hutin m'en ayant, il y a trois mois, annoncé un exemplaire que je n'ai pas reçu, ne pourriez-vous avoir la gentillesse de tenir sa promesse ?

" Ne vous serait-il pas possible également de donner, dans l'Initiation, une note sur le  Mystère des Cathédrales de Fulcanelli ?
" Dites-le moi, que je vous fasse le service de presse qui est très serré, par l'éditeur, à cause du prix élevé de ce tirage de luxe déjà très près d'être épuisé.
" Veuillez agréer, cher Monsieur l'expression de mes sypathiques et confraternels sentiments. "  Signé : E. CANSELIET  Savignies (Oise) "

De ce courrier on retire la nette impression que ces deux auteurs et acteurs de l'ésotérisme ne se connaissent qu'à distance et dans une intelligence toute professionnelle, essentiellement  !

Il ne nous semble pas téméraire de penser que dès la parution des Fulcanellis, il y eut une distance certaine entre les centres ésotériques dont les courants tiennent plus ou moins à la maçonnerie et au martinisme ( critiqués par certains passages péremptoires des Demeures Philosophales ) d'avec les alchimistes isolés que furent Eugène CANSELIET et Jean Julien CHAMPAGNE.... De ce dernier, on peut inférer l'importance auprès d'Eugène CANSELIET, dont la filiation à FULCANELLI ne le ratache à aucun autre protagoniste de la recherche hermétique....

Les deux autres alchimistes parisiens, Pierre DUJOLS (avec son fidèle FAUGERON) et Marc HAVEN (de son état-civil : Emmanuel LALANDE) sont décédés en 1926.
La mystérieuse Irène HILLEL-ERLANGER est "officiellement" décédée en 1920, accidentellement, mais dont André SAVORET dira des décennies plus tard et sans ambiguité qu'elle "se porte comme un charme" à un de ses amis !

Ici se trouve la vraie frontière :  " en marge de la science et de l'histoire"  comme le porte fièrement les ouvrages de FULCANELLI et d'une manière générale ceux des grands maîtres de l'Alchimie.
Que penser alors des inexactitudes que nous avons ici révélées à propos de la statue de Saint-Marcel, en partant de l'indignation suscitée au Maître de Savignies par les propos de Bernard HUSSON dans sa réédition du traité de CAMBRIEL, quelques mois avant que paraisse la troisième édition du Mystère des cathédrales, et dont nous venons de dénoncer les tenants et aboutissants ?

En guise de question "en marge de la science et de l'histoire" voici une hypothèse qui paraîtra scandaleuse mais nous paraît toutefois parfaitement plausible.

En 1925, Eugène CANSELIET et Julien CHAMPAGNE, forts de leur expérience et leurs talents, imaginent la" présence" d'un grand Maître adepte (donc en possession de la pierre philosophale) qu'ils baptisent du nom de FULCANELLI, utilisant des décennies de notes artistiques et scientifiques rassemblées par CHAMPAGNE puis par son disciple, et dont la partie se rapportant à la cabale phonétique d'origine pélasgique, provient des recherches de Pierre DUJOLS et de GRASSET D'ORCET !!!!!!!!!!!!

Toutefois, dans les éléments rassemblés à propos des sculptures du portail de Notre-Dame et de Saint-Marcel, le jugement sur l'interprétation de CAMBRIEL les induisent à le condamner, par ignorance de ce qui s'est déroulé entre 1850 et 1860 ! Une méconnaissance de l'ancienne statue postulerait sur une érudition limitée à la période postérieure aux transformations de VIOLLET LE DUC et LASSUS.

D'où la colère d'Eugène CANSELIET en 1964, qui craint le lièvre posé par un de ses anciens collaborateurs, Bernard HUSSON, en passe de devenir auteur rival sur des questions d'érudition !

L'année 1926, le premier manuscrit des deux FULCANELLI peut voir le jour, DUJOLS ayant disparu, LALANDE aussi, qui auraient pu interroger le préfacier sur la communauté de propos mis sous la plume d'un FULCANELLI dont plus personne ne peut aujourd'hui savoir s'il est réel, immortel, ou bien virtuel !!!!

Cette hypothèse se fonderait sur le pacte du silence entre CANSELIET et CHAMPAGNE et celà ad vitam.... Et expliquerait diverses réactions, carrément épidermiques, comme celle d'Henri COTON-ALVART ( voir Genevieve DUBOIS dans : Ces hommes qui ont fait l'alchimie au XXè siècle) ou Robert AMBELAIN qui soupçonna très tôt (dès 1935) une complicité CANSELIET - CHAMPAGNE, en accentuant le rôle de ce dernier dans la naissance des deux célèbres ouvrages....

Nous espérons que cette hypothèse sera battue en brêche par toute personne autorisée à nous prouver l'inanité de cette suggestion, laquelle postulerait une mauvaise conscience de la part de celui qui a incarné le renouveau et la faveur de l'alchimie francophone de la seconde moitié  du XXè siècle, Eugène CANSELIET, si décrié depuis son décès.

Et cela d'autant plus que l'auteur de ces lignes partagea cet enthousiasme de longues années durant, étant convaincu de la VALEUR des enseignements prodigués au sein des deux ouvrages de FULCANELLI et des cinq oeuvres désormais classiques du Maître de Savignies.

En conclusion, les deux ouvrages de FULCANELLI ont suscité une attraction indéniable et exercé un intérêt particulier pour l'antique science et l'art d'Hermès, tout en recelant leur part d'ombre (faite à d'aucuns) et d'inexactitude....

Sic transit gloriae mundi ......


Avant d'achever cet article, nous avions promis de parler aussi de l'auteur de la lettre : Georges BELLAIS.

Ancien condisciple d'études de Charles PEGUY, il fonda avec lui, la librairie qui porta son nom ainsi qu'une maison d'édition, diffusant principalement des études ou des ouvrages sur le socialisme, à partir de 1898 et jusqu'à la guerre 14.
Il n'a pas été possible jusqu'à présent de savoir quel fut le parcours intellectuel qui le mena à s'intéresser à des sujets touchant l'ésotérisme ou la lecture des édifices médiévaux.
Tout ce que j'en sais, c'est que sa proximité avec Marcel AUBERT, qu'il connaissait d'assez près, justifierait son courrier en direction de Philippe ENCAUSSE.

Bonne lecture et à vos commentaires (peut-être !).





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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 13:00


Nous proposons au lecteur ci-contre la photo de la statue de Saint-Marcel conservée, encore actuellement, aux Thermes du Musée de Cluny (Paris 5ème).

 

Il s'agit de la statue initiale (vers 1150) endommagée  lors des troubles de la Révolution française et entrée au Musée de Cluny en 1857.

La date coïncide avec les travaux du portail de Notre-Dame où elle fut remisée et remplacée lors du règne de Louis XVIII, en 1818 selon Marcel AUBERT, cité dans notre article précédent, par le sculpteur ROMAGNESI.

De cette seconde statue, le cliché des frères BISSON en 1854 (au plus tard) est le seul témoignage
photographique, et le croquis publié par CAMBRIEL dans son cours de philosophie hermétique en 1843, un des rares dessins nous montrant Saint-Marcel sous une formule moins fidèle au symbolisme hermétique selon d'aucuns, et en tout cas s'éloignant de la parenté avec Saint-Michel avec qui il présente des affinités....

La présence dans la tour nord de Notre-Dame de Paris de la statue médiévale, affirmée par Eugène Canseliet dans sa troisième édition du Mystère des Cathédrales en page 144, nous pose encore une fois problème, puisqu'en 2005, nous l'avons trouvée lors de notre visite, dans la salle des thermes où elle avait été placée dès son admission dans les collections DU SOMMERARD devenues Musée des monuments, meubles et objets d'art de l'Antiquité, du Moyen-Äge et de la Renaissance.

Il est toutefois possible que vers 1960, cette ancienne statue ait séjourné à Notre-Dame.... Si un lecteur peut nous confirmer les propos d'Eugène CANSELIET, cela nous soulagera d'un doute supplémentaire.

Ce que la statue ici représentée nous permet de voir, ne permet pas de trancher la question de la longueur de la crosse épiscopale. Plonge t-elle, conformément à l'exigence symbolique, dans la gueule du dragon dont on ne voit plus aucune trace sur ce vestige ?

 

La statue d'après 1857, toujours en place, a rectifié l'étrange liberté du sculpteur ROMAGNESI, qui induisit en erreur CAMBRIEL, dans son interprétation devenue réputée.

 

Avant de dépasser les incertitudes pour aborder le plan plus purement alchimique, nous voulions attirer l'attention sur les trois versions différentes de la statue de Saint-Marcel de Notre-Dame de Paris.

 

Nous ne donnerons pas pour l'instant d'explications supplémentaires qu'un courrier en notre possession nous permettrait de faire quant aux filiations ésotériques des années 1920, puisqu'il n'y a pas de demande allant dans ce sens de votre part....

 

La version intermédiaire de Saint-Marcel permettait en effet de postuler l'emploi du glaive au lieu de la crosse....

 

Cette version martienne du sel vert était plus en rapport avec le détachement de l'étoile scellant le compost, mais la version initiale était plus conforme à la voie suivie et préconisée par Basile VALENTIN, dans ses douze clefs....
(plus particulièrement la 6è et la 7è clef)

 

Autrement dit, la ligne départageant les suiveurs de la voie humide (PHILALETHE - CAMBRIEL), de ceux de la voie sèche (B.VALENTIN - FULCANELLI - E.CANSELIET - ATORENE) .....

En guise de conclusion sur ce survol des versions de Saint-Marcel, il faut reconnaître que le symbolisme attaché aux sculptures réservent parfois aux visiteurs des surprises de "taille"....

Merci à vous


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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 10:37

Nous vous proposons dans ces pages une série de réflexions sur les sources utilisées par différents auteurs à propos de certaines pages désormais célèbres du livre : LE MYSTERE DES CATHEDRALES par l'alchimiste FULCANELLI (première édition en 1926).

Nous évoquons lors de ce premier article, une statue présente au portail droit de la facade ouest de Notre-Dame de Paris, sujet principal et premier de l'étude de ce désormais "best seller" de l'édition en matière d'alchimie.

Il s'agit de la statue de Saint-Marcel, évêque de Paris (circa 335 - novembre 436) dont la légende dorée relate son intervention miraculeuse en faveur d'une Dame prisonnière d'un monstrueux dragon.

Cette statue est présente au milieu du portail Sainte-Anne (portail de droite) et a fait l'objet de remaniements conséquents.

Dans sa monographie sur Notre-Dame de Paris en 1928, Marcel AUBERT (9 avril 1884 - 28 décembre 1962), historien alors attaché au département des sculptures médiévales du Louvre, plus tard conservateur en chef, retrace l'histoire de l'architecture et de la sculpture de ce monument si renommé.

La monographie est publiée chez l'éditeur Albert Morancé dans un grand in 4° (520 x 360) et comporte deux parties : la présentation  en 24 pages (table des planches comprise) et en 67 planches hors-texte, reproduisant des photographies en héliotypie (héliogravure) dont l'opérateur est E. Mas des monuments nationaux.

La planche qui nous intéresse est la numéro trente-deux.


Elle reproduit la porte gauche du portail Saint-Anne et contient sur sa partie droite la reproduction de Saint-Marcel depuis sa base jusqu'à son sommet.

Nous vous la reproduisons ici-même car c'est la pièce qui fut à l'origine d'une mise au point énergique du disciple de FULCANELLI, Eugène CANSELIET, dans sa troisième préface du Mystère des Cathédrales réédité en 1964, par Jean-Jacques Pauvert.

Dans cette préface, Eugène CANSELIET, (page 33 à 43) donne au lecteur un avis qui, pour le moins, est très catégorique.

"Après ce que nous venons d'esquisser, que ne doit-on pas craindre, lorsque déjà, autour de nous, sur le plan où nous sommes, peuvent jouer le témoignage contestable et l'argumentation spécieuse ? Propension déplorable que montrent, invariablement, l'envie et la médiocrité et dont nous nous faisons un devoir de détruire, aujourd'hui, les fâcheux et persistants effets. Cela, au sujet d'une très objective rectification de notre Maître Fulcanelli étudiant, au Musée de Cluny, la statue de Saint-Marcel, évêque de Paris, qui se dressait à Notre-Dame, sur le trumeau du porche de Sainte-Anne, avant que les architectes Viollet-le-Duc et Lassus, l'y eussent remplacée, vers 1850, par une satisfaisante copie. Ainsi, l'Adepte du Mystère des Cathédrales fut-il conduit à redresser les fautes commises par Louis-François Cambriel qui pouvait cependant détailler la sculpture primitive, toujours bien en place à la cathédrale, depuis le début du XIVè siècle, et qui en écrivit alors, sous le roi Charles X, sa brève et fantaisiste description :
" Cet évêque porte un doigt à sa bouche, pour dire à ceux qui le voient et qui viennent prendre connaissance de ce qu'il représente... Si vous reconnaissez et devinez ce que je représente par cet hiéroglyphe, taisez-vous ! ...N'en dites rien! -" (Cours de Philosophie hermétique ou d'Alchimie en 19 leçons. Paris, Lacour et Maistrasse, 1843).

Ces lignes, dans l'ouvrage de Cambriel, sont accompagnées du croquis malhabile qui leur donna naissance ou qu'elles inspirèrent. Comme Fulcanelli, nous imaginons mal que deux observateurs, à savoir l'écrivain et le dessinateur, aient pu séparément se trouver les victimes de la même illusion. Sur la planche gravée, le saint évêque, qui est pourvu de barbe, en évident métachronisme, a le chef couvert d'une mitre décorée de quatre petites croix et tient, de la main gauche, une courte crosse au creux de son épaule. Imperturbable enfin, il lève son index au niveau du menton, dans l'expression mimique du secret et du silence recommandés.

"Le contrôle est aisé, conclut Fulcanelli, puisque nous possédons l'oeuvre originale, et la supercherie éclate au premier coup d'oeil. Notre saint est, selon la coutume médiévale, absolument glabre ; sa mitre, très simple, n'offre aucune ornementation ; la crosse, qu'il soutient de la main gauche, s'applique, par son extrémité inférieure, sur la gueule du dragon.

Quant au geste fameux des personnages du Mutus Liber et d'Harpocrate, il est sorti tout entier de l'imagination excessive de Cambriel. Saint Marcel est représenté bénissant, dans une attitude pleine de noblesse, le front incliné, l'avant-bras replié, la main au niveau de l'épaule, l'index et le médius levés." (page 35)
"La question, on vient de le voir, était nettement résolue, qui, dans le présent ouvrage, fait l'objet de tout le paragraphe VII du châpitre PARIS, et dont le lecteur peut, dès maintenant, prendre connaissance in extenso.
Toute tromperie était donc déjouée et la vérité parfaitement établie, quand Emile-Jules Grillot de Givry, quelques trois années plus tard, dans son Musée des Sorciers, écrivit, à l'égard du pilier médian au porche sud de Notre-Dame, les lignes que voici :
" La statue de Saint-Marcel, qui se trouve actuellement sur le portail de Notre-Dame, est une reproduction moderne qui n'a pas de valeur archéologique ; elle fait partie de la restauration des architectes Lassus et Viollet-le-Duc. La véritable statue, du XIVè siècle, se trouve actuellement reléguée, dans un coin de la grande salle des Thermes du Musée de Cluny, où nous l'avons fait photographier (fig. 342). On verra que la crosse de l'évêque plonge dans la gueule du dragon, condition essentielle pour la lisibilité de l'hiéroglyphe, et indication qu'un rayon céleste est nécessaire pour allumer le feu de l'athanor. Or, à une époque qui doit être le milieu du XVIè siècle, cette antique statue avait été enlevée du portail et remplacée par une autre dans laquelle la crosse de l'évêque, pour contrarier les alchimistes et ruiner leur tradition, avait été faite délibérément plus courte, et ne touchait plus la gueule du dragon. On peut voir cette différence dans notre figure 344, où est représentée cette ancienne statue, telle qu'elle était avant 1860. Viollet-le-Duc l'a fait enlever et l'a remplacée par une copie assez exacte de celle du Musée de Cluny, restituant ainsi au portail de Notre-Dame sa véritable signification alchimique."

"Quel filandreux imbroglio, pour n'en pas dire davantage, selon lequel, en somme, une troisième statue se serait insérée, au XVIè siècle, entre le beau vestige déposé à Cluny et la copie moderne, visible à la cathédrale de la Cité, depuis plus de cent ans !
De cette statue Renaissance, absente des archives et inconnue des plus savants ouvrages, Grillot de Givry, à l'appui de son assertion pour le moins fort gratuite, fournit une photographie dont Bernard Husson, délibérément, fixe la date et fait un daguerréotype. Voici la légende qui renouvelle, au bas de ce cliché, son insoutenable justification :   fig. 344. - STATUE DU XVIè SIECLE REMPLACEE, VERS 1860, PAR UNE COPIE DE L'EFFIGIE PRIMITIVE. Portail de N.-D. de Paris. (Collection de l'auteur.)
Malheureusement pour cette image, le saint Marcel présumé n'y possède pas la canne épiscopale que lui prête par la plume Grillot, décidément perdu jusqu'à l'impossible sollicitation. Tout au plus distingue-t-on, dans la main gauche du prélat goguenard et puissamment barbu, une sorte de grosse barre, dépourvue, à son extrémité supérieure, de la volute ornée qui en aurait pu constituer une crosse d'évêque.
Il importait, évidemment, qu'on induisît, du texte et de l'illustration, que cette sculpture du XVIè siècle - opportunément inventée - eût été celle que Cambriel, "passant un jour devant l'église Notre-Dame de Paris, examina avec beaucoup d'attention", puisque l'auteur déclare sur la couverture même de son Cours de philosophie, qu'il termine ce livre en janvier 1829. Ainsi se trouvaient accrédités la description et le dessin, dus à l'alchimiste de Saint-Paul de Fenouillet, lesquels se complètent dans l'erreur, tandis que cet irritant Fulcanelli, trop soucieux d'exactitude et de franchise, était convaincu d'ignorance et d'inconcevable méprise.
Or la conclusion, dans ce sens, n'est pas aussi simple ; on le constate, dès maintenant, sur la gravure de François Cambriel, où l'évêque est porteur d'un bâton pastoral assurément écourté, mais bien complet de son abaque et de sa partie spiralée."


Afin de permettre au lecteur de suivre plus aisément le fil de notre propos, reprenons les données multiples de cette mise au point du disciple de Fulcanelli.
Ce dernier publie lors de la troisième édition de l'ouvrage "Le Mystère des Cathédrales" l'image que voici (en trois parties) et qui présente l'état actuel, rectifié par Geoffrey Duchaume lors dela restauration datant de 1853 - 1860 de la cathédrale, de la statue de Saint Marcel.


On y voit bien le saint tel qu'il est décrit par Fulcanelli et Eugène Canseliet et tel que vous pouvez toujours le voir actuellement à Notre-Dame. C'est bien un évêque bénissant, orné d'une mitre,figure glabre, portant une crosse pastorale spiralée qui vient plonger dans la bouche du dragon, conformément à la légende.

Voici maintenant la planche 32 de la monographie de Marcel Aubert, ouvrage présenté au début de notre article,avant la longue mise au point citée ci-devant d'Eugène Canseliet.





Il s'agit cette fois, d'un prélat dont la mitre présente deux grandes croix surmontées de deux petites, peu visibles dans le cliché, qui est une reproduction d'un tirage bien plus ancien.

Saint-Marcel est ici barbu et porte cette fois une barre longue, dont le bas fait penser à une épée se terminant à la hauteur du surplis de la robe épiscopale, ne touchant pas le dragon si ce n'est par le pied.

C'est ce cliché qui est reproduit par GRILLOT DE GIVRY, page 407 de son   dernier ouvrage si bien illustré, qu'est le Musée des Sorciers, Mages et Alchimistes paru en février 1929, sous la référence de la figure 344, en regard de celle référencée 342, de la statue actuelle, publiée par Canseliet dans sa réédition de 1964. 

Le cliché de Marcel AUBERT, publié deux ans après la sortie de la première édition de Fulcanelli, reproduit en fait un cliché pris en 1854 au plus tard, par Louis- Auguste (1814-1876) et Auguste-Rosalie BISSON (1826-1900), photographes assez renommés par la qualité de leur travail, et dont le cadet fit partie des premières expéditions photographiques dans le massif du Mont Blanc en 1860 et 1861. 
C'est en réalité dans un ouvrage collectif sous la direction de l'architecte LASSUS, la Monographie de Notre-Dame de Paris et de la Nouvelle Sacristie contenant 63 planches gravées, de 12 planches photographiques de MM. BISSON frères et 5 planches chromolithographiques de M. LEMERCIER précédée d'une notice historique et archéologique par M.CELTIBERE, P.MOREL éditeur sans date mais daté par les experts de 1854 au plus tard. On peut retrouver la reproduction de la photographie qui concerne Saint-Marcel dans le catalogue de la vente aux enchères de la bibliothèque de Monsieur LE TELLIER intervenue le mercredi 26 novembre 2008 à l'Hôtel DROUOT (salle 4) et figurant au catalogue TAJAN  sous le numéro 110.
Pour l'information ce lot dépassa la somme de 8000 euros ! Voici la photo concernée :

(partie du cliché des frères BISSON joint à la monographie de Notre-Dame avant les travaux de restauration et publié sous le nom de LASSUS)


Dans sa monographie Marcel AUBERT, explique ce qui suit : 




Est-il dès lors impossible de voir, comme CAMBRIEL, un évêque barbu remplacer un original en mauvais état (voir plus loin) relégué au Musée de Cluny, où nous le retrouvons parmi les Thermes, et d'admettre cette statue transitoire, remaniée, telle que nous la voyons dans la gravure de Marcel AUBERT, dans le tirage à l'albumine des frères BISSON avant la restauration définitive par les équipes de VIOLLET LE DUC et LASSUS ?

Voila les références au fameux cliché reproduit par GRILLOT DE GIVRY qui mit Eugène CANSELIET en colère !

Ce qui nous trouble, c'est la méconnaissance totale de ces deux ouvrages par quelqu'un qui connaissait si bien Notre-Dame de Paris et ses multiples aspects. Que ce soit Eugène CANSELIET ou bien son vénéré Maître FULCANELLI, comment se fait-il qu'aucun des deux n'ont admis l'existence de ces modifications successives, et leurs témoins photographiques, que ce soit en 1854, ou en 1928. 

Ce qui nous trouble aussi c'est l'absence de référence précise dans l'ouvrage de GRILLOT DE GIVRY. Après avoir précisé qu'il s'agirait d'une statue datant du XVIè siècle, il ne cite comme source de son cliché que la collection privée de l'auteur !

Ignorait-il l'ouvrage de Marcel AUBERT  qui venait de paraître, pendant les mois mêmes où il rédigeait son chapitre sur les alchimistes ? Cela nous paraît du moins étrange, qu'il obtienne le bon cliché sans en connaître sa provenance.

Si ce cliché est paru dans son ouvrage, c'est plus que probablement qu'il lui a été communiqué de façon discrète, confidentielle dans le but de poser en somme un lièvre sur la route de la réputation du Mystère des Cathédrales....

En effet, il y eut bien une volonté jalouse de ce livre assez extraordinaire, qui voulut en remontrer à ce FULCANELLI, dont on ne savait pas qui il était, de Julien CHAMPAGNE, d'Eugène CANSELIET ou de tutti quanti, mais dont un certain milieu littéraire se méfia dès la parution en 1927 et 28 surtout. 

Si l'on admet qu'une personnalité tint à faire de l'ombre au magnifique ouvrage de FULCANELLI, par quel biais cette remise en question de la statue de Saint Marcel put elle se faire ?

Si  cette question vous intéresse, nous donnerons une suite à ce premier texte, et publierons alors une lettre très éclairante.....

Signalons que l'excellent blog consacré à Julien CHAMPAGNE a déjà publié à la date du 27 avril 2006 un article résumant le point de vue d'Eugène CANSELIET et de FULCANELLI à propos de la statue de Saint-Marcel que vous trouverez à l'adresse internet suivante :

http://www.archerjulienchampagne.com/article-2564590-6.html
 
Bonne lecture à tous !





 

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