Nous reprenons le chemin de la pratique alchimique à propos des voies de celles-ci qui ne sont distinguées dans la Tradition que en regard des matériaux du laboratoire et en vertu des processus qui sont radicalement différents.
La Tradition alchimique a toujours joué sur les mots. Voie longue ou voie courte ne coincident pas forcément avec voie humide et voie sèche.
Le travail au creuset est synonyme de voie sèche, les processus du Premier Oeuvre sont fort différents de ceux du Premier Oeuvre par voie humide.
LE LABORATOIRE PAR VOIE HUMIDE
Tout le monde visualise par voie humide, l'alambic comme outil premier de distillation, les ballons ("matras") de verre sous ses formes les plus variées tels que aludels ou pélicans.
Si ces préambules sont exacts, pour FILOSTENE, la voie humide comprend par extension, l'enfouissement sous-terrain de dames-jeanne et autres récipients, sous le fumier ou non, et même les procédés de macération les plus variés. Parfois aussi, le travail dans des "grottes" calcaires ou des cavités au sein des tourbières, lorsque les "digestions" nécessitent un total abandon au feu interne des matières en voie de modification.
Il est donc primordial de choisir l'emplacement du laboratoire à proximité de lieux encore suffisament riches en "bio-diversité", la proximité d'une ferme étant favorable, et les temps actuels rendent plus nécessaire que jamais l'esprit de génération en chaîne des sous-produits propres au travail alchimique.
Ainsi, la création de nitrières artificielles sur un terrain apte à ces transformations, pour accueillir toute une série de "déchets" et "déjections" tels que lisiers, sang putréfié, compost d'origine végétale.
L'espace est donc nécessaire, ainsi que de bonnes conditions générales de travail : prairies, vergers, proximité d'un bois, clairière fournissent une foule de petits adjuvants à cette dimension discrète et incontournable de l'alchimie : la voie de la transformation matérielle par la décomposition naturelle.
LE LABORATOIRE PAR VOIE SECHE
L'énorme avantage de ce laboratoire est qu'il peut être résumé à une seule pièce, assez vaste toutefois, et devra comporter un foyer central avec un banc d'essai, de type métallurgique, et suffisament d'ustensiles comme pinces, moules de coulée, têts à rotir, des creusets en suffisante (au moins une quarantaine de deux ou trois gabarits différents), et bien entendu un fourneau central qui permettra l'essentiel des phases des trois oeuvres nommé : " l'athanor" (athanatos : immortel en grec).
Mais, une bonne partie des préparations salines se dérouleront en travaillant avec une matériel de verrerie commun à la voie humide.
LES TROIS OEUVRES DES DEUX VOIES EVOQUEES
Tous les aspirants à l'alchimie se posent la question. Y a-t'il un processus unique dans ces deux voies pour obtenir le Trésor tant convoité, la fameuse Pierre Philosophale ?
La réponse est évidemment non !
Selon le choix des matières, il y aura plusieurs alternatives, selon les possibilités évolutives des minerais et des métaux, lesquelles découlent de leurs propriétés spécifiques et des agents utilisés pour les conduire.
Mais, si l'on veut suivre par exemple, le processus choisi par Eugène CANSELIET, où l'on part du sulfure d'antimoine préparé (pour le détail de cette préparation on peut se rapporter à ses livres qui la décrivent discrètement mais quand même assez explicitement) et de sa rencontre avec le fer préparé (que ce soit à la base, de la pyrite, de la magnétite ou même du fer météoritique - rarissime et hors de prix, mais qui sait) par la médiation du second sel suivi lors de la purification, de l'adjonction du premier sel, on peut suivre assez fidèlement les traités de chimie du XVII et XVIIIè siècle qui décrivent déjà l'opération sous l'appellation de :
"régule antimonial étoilé par le fer".
Très joli, très classique et .... parfaitement inutile pour la suite du grand-oeuvre !
L'habileté du Maître de Savignies a été de proposer (par exemple, dans son Alchimie expliquée sur ses textes classiques) de s'en référer aux descriptions fournies par les chimistes anciens pour se dispenser de donner d'autres descriptions plus explicites des" petites différences" qui en réalité désespèrent les aspirants trop pressés d'en arriver au stade bien connu des amoureux d'Alchimie : "la séparation de la lumière d'avec le chaos"
En guise de parenthèse, à propos de ce petit ouvrage, dont trois éditions existent à ce jour, faisons une petite mise au point à plusieurs niveaux.
Nous avons eu l'immense joie et le privilège de recevoir, un des très rares exemplaires de l'édition originale (1784 reproduite ci-dessus) des mains de notre Maître !
Dans cet exemplaire, au revers de cette page de titre, la mention suivante : " Donné au Témoin de la Sainte-Parole G.de M. par K.de P. passé à l'Orient d'Hélios"
Devant cette pièce, nous pensons qu'il s'agit du fameux groupement des Illuminés d'Avignon, dans lequel le Témoin de la Sainte-Parole serait Guyton de Morveau (Louis Bernard Philibert qu'il ne faut confondre avec son frère aîné quasi homonyme, gloire de la chimie moderne, compagnon de Lavoisier) et Filostène lui-même nous indiquat que K. de P. serait l'Adepte breton Kerdanec de Pornic, passé à l'Orient du Soleil...
Nous avons été surpris que Chacornac n'ait publié, dans sa réédition de 1930 (voir photo suivante) que la première partie de cet ouvrage, se dispensant de reproduire la partie du dialogue entre la Pierre, l'Or et le Mercure qui provient mot pour mot, du réputé dialogue dit de l'Ancienne guerre des CHevaliers, qui forme la première partie du Triomphe Hermétique de LIMOJON DE SAINT DIDIER, classique d'excellente qualité.
En effet, comme l'a reproduit ensuite le reprint Gutemberg publié grâce aux bons soins de Jean-Claude BAILLY, toujours excellent éditeur, en 1981, où le texte forme l'avant-dernière partie du GRASSOT, seuls quelques paragraphes suivent le texte de LIMOJON et terminent l'ouvrage différement.
Nous pouvons produire les preuves de tout ceci à la première demande.
Ceci prouve une fois de plus que même dans le cadre d'éditions imprimées successives, il existe toujours des différences. Ici, l'intérêt est que le texte repris par GRASSOT est celui qui est traduit par LIMOJON d'un texte original Allemand, imprimé, et qui circula longtemps manuscrit auaparavant.
Nous avons trouvé très curieux que cette reprise quasi intégrale de l'ancienne Guerre des Chevaliers ait échappé à Bernard RENAUD de La FAVERIE dans sa présentation dans son feuillet libre joint au reprint. Curieux qu'il n'ait pas retrouvé ce texte cité tel quel alors qu'il avait bien identifié le début de l'Apologie du Grand Oeuvre de DOM BELIN....
BREF PASSAGE DU COQ A L'ANE !
A l'autre bout du Grand-Oeuvre, fin du troisième oeuvre, sachez que le procédé suivi par FILOSTENE consiste en l'union des sept soufres et des sept mercures des métaux préparés dûment dans une cuisson douce et autogène où le passage des mois philosophiques prend entre une lunaison classique et une et demie par métal. Les teintures étant réunies par les sels issus des deux oeuvres précédents (spiritus vini philosophorum et alkaest aidants).
Nous reviendrons bientôt pour entrer un peu plus dans les détails....
EN GUISE DE SALUT
Nous signalons vivement aux aspirants et aux philosophes confirmés qui ne connaitraient pas cet excellent ouvrage, l'attention bienveillante au livre suivant : " L'Alchimie, antique science de demain" de Loïc TREHEDEL paru aux Editions du Rocher en 1999 et qui est une présentation originale de la question de la science d'Hermès sous un angle très libre et très fiable dans ses conclusions.
C'est un assidu de ce blog qui nous demandait notre avis sur ce livre.
Avouons-le tout net : nous ne l'avions pas même parcouru, par impression négative à priori, parce que le titre fait futuriste d'une part, et surtout parce que l'illlustration en page de couverture me faisait immanquablement penser à des manipulations de pur laboratoire de chimie pharmaceutique industrielle !
Un tout grand merci à TOM (comme Territoire d'Outre Mer, il se reconnaîtra ainsi) comme je l'appelerai lorsque l'occasion se présentera de le saluer amicalement.
Bonne soirée à vous.